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la maternelle

Sur vingt boutiques, on en compte quatorze de marchands de vin et quatre de brocanteurs. Il y a le vins-restaurant, le vins-épicerie, la fruiterie et vins, le vins-crémier, le vins-tabac, le vins-concert et bal musette, le charbons et vins, le bar, la distillerie, le grand comptoir, et, pour chaque débit, un hôtel meublé.

La rue part du boulevard de Ménilmontant. Les fiacres y sont rares et les passants peu variés : la majorité des gens apparaissent en savates et nu-tête ; des journées entières peuvent s’écouler sans que l’on rencontre un pardessus ou un chapeau de haute forme. Cependant l’animation ne manque pas. Des quantités d’affaires se traitent dehors à grands éclats de voix et comportent l’appoint de solides horions. Quand l’école n’est pas ouverte, des déballages considérables d’enfants jonchent le trottoir et la chaussée.

Un drapeau déteint signale de loin un local d’utilité publique. De près, on reconnaît une école, aux fenêtres élevées du rez-de-chaussée, à boiseries jaune foncé et à l’architecture de pierres de taille agrémentée, dans le bas, d’affiches officielles et d’inscriptions scabreuses charbonnées par les gamins. Devant cette façade, le pavé en bois, succédant au pavé de grès, fait taire brusquement les voitures.

Quatre marches extérieures conduisent dans une vaste entrée dallée, peinte en gros vert jusqu’à hauteur d’appui, en vert d’eau jusqu’au plafond et