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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/45

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la maternelle

frénétiques, clamant plus fort que les premiers, et ce fut une ruée d’élément, un haro unanime, un emportement destructeur et oppresseur : panique, assaut, joie brute. Puis, brusquement encore et sans cause encore, il y eut baisse et discordance des cris, éparpillement du nombre. Le mal que l’on pourchassait était-il censément puni ? Ou bien le fléau que l’on fuyait était-il évité ? Impossible de savoir, c’était la foule.

Les adjointes s’émouvaient peu ; elles réclamaient de la modération par acquit de conscience et ne quittaient pas une étroite longueur bitumée devant la classe et le préau. Les mioches branlants trouvaient un refuge dans la promenade de leurs jupes. Pourtant, quelques-uns furent bousculés. On m’amena une mignonne en pleurs qui avait été renversée et salie. Au lavabo, je lui passai l’éponge sur les mains et sur la figure ; je ne découvrais aucune égratignure et elle continuait à gémir.

— Qu’est-ce que tu as ? lui dis-je.

— J’ai mal.

— Où ça, ton bobo ?

— Là, au bras.

Je frottai, je posai un baiser ; elle geignait toujours.

— As-tu beaucoup, beaucoup mal ?

Alors elle, quittant instantanément le ton plaintif, toute rose avec une physionomie de supériorité indulgente et moqueuse :

— Mais non, grosse bête, si j’avais beaucoup mal, je crierais bien plus fort.