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la maternelle

on nommait l’adjointe de la grande classe, « mademoiselle », la directrice « madame », la maîtresse de la classe moyenne « Mme Galant » ; quant à moi, vraiment, on ne pouvait se dispenser de cette appellation, d’ailleurs fort seyante : Rose.

J’ai fonctionné l’après-midi, comme le matin, sans trop de maladresse, guidée par ma collègue et par « ces dames ».

À quatre heures, avec Mme Galant, j’ai conduit, jusqu’au coin de la rue, le rang des élèves qui s’en vont seuls.

Il m’a semblé que je n’avais pas respiré la rue depuis un mois. Comme elle a une odeur, une clarté, une animation différentes de celles de l’école ! Et comme un enfant vu sur le trottoir ne suggère pas les mêmes pensées que vu dans l’école !

Une cinquantaine de bambins, que l’on vient chercher séparément, sont restés sur les bancs du préau.

Le dernier enfant parti, les maîtresses, la cantinière parties, une lâche mélancolie me saisit, quand je me trouvai seule, mon balai à la main, dans le vide immense du préau.

Immobile, je considérais les choses, leur demandant l’apparence d’être vivantes : les deux cents patères au mur, les cordes pendantes des vasistas, les quatre tuyaux à gaz tombant du plafond avec leurs abat-jour de métal émaillé… Je comptais les