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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/60

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la maternelle

une autre fois, exprès ; je voulais m’assurer de son indifférence.

Je suis émerveillée à la fois du fonctionnement facile et des bienfaits de l’école maternelle.

Du reste l’agencement apparaît impropre à l’usage domestique, à la vie ordinaire ; dans l’air, dans l’odeur, la couleur, la disposition des lieux, il y a une incrustation de discipline, par quoi les gens et les enfants, une fois là, se trouvent changés, scolarisés… les gens eux-mêmes, moi-même… L’« administratif » s’empare de moi, bon gré mal gré, sous le plafond de cinq mètres.

Avant d’être du métier, je me demandais comment on pouvait manœuvrer à souhait cent, deux cents bambins. C’est relativement simple, à cause de l’aspect autoritaire que reçoivent les grandes personnes dans le désert des locaux, à cause enfin du groupement et de ses lois : sur une file de cinquante enfants, il suffit de cinq ou six qui exécutent un ordre pour entraîner les autres. Toutes les marches en rang, du préau aux classes, des classes à la cour, se font en chantant ; la tranquillité sur les bancs s’obtient aussi par des chants, ou par des mouvements de bras. Évidemment, il ne faut pas avoir peur de répéter, ni de crier le commandement ; mais enfin, je le constate, une réunion d’enfants ressemble à une mécanique bien engrenée : inutile que le conducteur touche toutes les pièces de la machine, il suffit de mettre en branle la force motrice.