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Page:Léon Pirsoul - Dictionnaire wallon-français (dialecte namurois), t. 1, 1902.djvu/21

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C’est pourquoi j’ose dire aux conservateurs, avec l’auteur cité : « Une langue ou un dialecte n’est pas seulement une curiosité de plus dans le musée varié de la Babel humaine, intéressante pour quelques savants illettrés : c’est toujours l’expression d’un ordre social et moral qui, bon ou mauvais, ne se modifie pas sensiblement tant que subsiste l’idiome par lequel il se traduit ».

Et aux libéraux aussi bien qu’aux radicaux : Ce dialecte n’est pas seulement l’enveloppe conservatrice des vieilles mœurs, mais il est le signe le plus visible de la nationalité puissante, une portion inaliénable du patrimoine intellectuel du peuple, le dépositaire de la partie la plus saine de ses traditions, l’organe immédiat des activités et des originalités locales. Le toucher et lui porter atteinte, en violentant les lois de la nature, c’est déchirer l’âme même du peuple !

Bref, le Wallon n’est pas en train de disparaître, mais tout simplement de se transformer, et, si en enfant naturel du vieux français, il lui est défendu d’aspirer à la légitimité, il a toutes les chances de survivre à son frère aîné, comme il a survécu à ses aïeux.


Tito Zanardelli,
Professeur de langues, à Oristano (Sardaigne).