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cinquantième runo

bouquet de verges de bouleau, un bouquet d’amour[1] sous son bras, et elle se rendit en toute hâte, les entrailles déchirées par d’effroyables douleurs, dans la chambre en bois de sapin, dans l’écurie située sur la colline de Tapio[2].

Là, elle éleva la voix, et elle dit : « Viens me protéger, ô créateur, viens à mon secours, ô Dieu riche de grâces, au milieu de cette œuvre de douleur, de ces temps pleins d’angoisses ! Délivre la fille de ses souffrances, délivre la femme des tortures de ses entrailles et fais qu’elle ne succombe point sous leurs cruelles atteintes ! »

Et quand elle eut pénétré au fond de l’écurie, elle dit encore : « Ô bon cheval, ô vigoureux poulain, souffle, maintenant, envoie-moi une douce vapeur, un bain suavement tiède, afin que la faible en soit soulagée, que l’infortunée en reçoive aide et secours ! »

Le bon cheval, le vigoureux poulain souffla puissamment sur le sein douloureux, et son souffle fut pour lui comme un bain chaud, comme une onde sainte.

Alors, Marjatta, la pauvre fille, la douce et chaste vierge, se baigna tant qu’elle en eut besoin dans l’abondante vapeur ; et elle mit au monde un petit garçon, elle donna le jour à un tendre enfant, sur la paille étendue près du cheval, dans la crèche de la belle crinière[3].

Et elle lava son petit enfant, elle l’enveloppa de langes, elle le coucha sur ses genoux, elle le pressa

  1. Voir page 32, note 1.
  2. Voir page 114, note 2.
  3. « Marjatta matala neiti,
    Pyha piika pikkarainen.
    Kylpi kylyn kyllaltansä,
    Vatsan löylyn vallaltansa ;
    Teki tuonne pienen poian,
    Latoi lapsensa vakaisen
    Heinille hevoisen luoksi,
    Sorajouhen suimen päähän.
     »

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