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le kalevala

contre son sein. Elle soigna son beau trésor, sa pomme d’or, son bâton d’argent[1], elle l’allaita, elle lui peigna les cheveux, elle lui brossa la tête, elle le berça entre ses bras.

Mais, tout à coup, le petit garçon s’élança du haut des genoux, du sein de sa mère, et il disparut.

Marjatta, la pauvre vierge, en conçut une douleur immense, elle courut après lui, elle chercha son petit garçon, sa pomme d’or, son bâton d’argent ; elle le chercha sous la pierre du moulin, sous le pied du traîneau, sous le tamis à farine, sous le seau ; elle le chercha d’arbre en arbre, à travers le gazon et l’herbe fine ; elle le chercha dans les bois de sapin, au sommet des collines, parmi les fleurs des bruyères et les buissons, explorant les branches, creusant au pied des racines.

Et tandis qu’elle courait ainsi, l’esprit bercé dans ses pensées, une étoile vint à sa rencontre. Marjatta s’inclina devant elle et lui dit : « Ô étoile, créée par Jumala, sais-tu ce qu’est devenu mon petit garçon, mon petit enfant, ma pomme d’or ? »

L’étoile répondit avec intelligence : « Je le saurais que je ne le dirais pas ; aussi bien j’ai été créée pour de mauvais jours, pour briller au milieu des froids hivers, au milieu des ténèbres. »

Marjatta reprit sa course ; et, tandis qu’elle marchait, l’esprit bercé dans ses pensées, la lune vint à sa rencontre. Elle s’inclina devant elle et lui dit : « Ô lune, créée par Jumala, sais-tu ce qu’est devenu mon petit garçon, mon petit enfant, ma pomme d’or ? »

La lune répondit avec intelligence : « Je le saurais que je ne le dirais pas ; aussi bien j’ai été créée pour de mauvais jours, pour veiller seule pendant les nuits, pour rester couchée pendant les jours. »

  1. Expressions caressantes en usage chez les Finnois.