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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/173

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d’Ujjayinī, que la légende et le conte se plaisent à représenter entouré des « neuf perles », les neuf classiques de la littérature (peut-être un lointain écho des neuf muses helléniques), est sans doute l’image idéalisée de Candragupta Vikramāditya, conquérant d’Ujjayinī, ami des poètes, peut-être le patron de Kālidāsa. L’opéra Vikramorvaçi, avec l’insertion inattendue du mot vikrama « héroïsme » dans son titre, est peut-être un hommage discret à Vikramāditya Candragupta, et une allusion, transparente pour les contemporains, à un épisode galant du harem royal. Le poème inachevé qui se proposait de raconter la naissance du dieu de la guerre, issu des amours de Çiva et de Pārvati, le Kumāra-saṃbhava, avait peut-être pour objet de célébrer la naissance du prince Kumāragupta, fils de Candragupta II, héritier présomptif du trône impérial. La capitale des satrapes Çaka, Ujjayinī, a de plus laissé une empreinte durable dans une des rares sciences positives de l’Inde, l’astronomie ; c’est Ujjayinī qui reste encore aujourd’hui pour la science indigène l’origine des longitudes. Et cette astronomie plus qu’à demi astrologique sort manifestement des écoles grecques ; elle s’est détachée, sans éclat, sans rupture violente, des enseignements surannés du Jyotiṣa, l’astronomie des écoles védiques, elle-même apparentée d’origine aux doctrines assyro-chaldéennes. Les classiques de la nouvelle école, Āryabhaṭa né en 476, Varāhamihira qui prend pour époque d’un de ses traités l’équinoxe du printemps de l’an 505, suivent de près la grande époque des Gupta. Sans entrer dans le détail d’une technique qui m’échappe, mais qui remonte clairement à Ptolémée,