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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/177

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toire officielle, un songe de l’empereur Ming ti (58-76) ouvre au bouddhisme les portes du palais. « Ming ti voit en rêve un homme de grande taille, couleur d’or, qui avait une lueur brillante au sommet du crâne. Il interrogea ses ministres ; un d’entre eux lui dit : Dans la région d’Occident, il y a un dieu appelé Fo (ancienne prononciation : bout = Bouddha) ; sa taille est haute de seize pieds et il a la couleur de l’or jaune. L’empereur envoya donc une ambassade dans le T’ien-tchou (Inde) pour s’y informer de la doctrine du Bouddha. C’est alors que dans le Royaume du Milieu on se mit à figurer des images. Ying, roi de Tch’ou, fut le premier à ajouter foi à cette doctrine. » Tel est le récit tout légendaire consacré par la tradition, et enregistré dans les Annales des Seconds Han. Mais des indices patiemment relevés prouvent que la Chine connaissait et comptait déjà des moines (çramaṇa) et des fidèles laïques (upāsaka). Les envoyés de Ming ti auraient ramené de l’Inde à la capitale impériale, Lo-yang (dans le Ho-nan) deux moines à jamais célèbres dans les fastes du bouddhisme chinois et dignes d’une gloire plus large encore : l’un désigné sous un nom indien Kāçyapa Mātanga, l’autre sous un nom chinois : Fa-lan l’Indien. Ils n’apportent pas seulement des dogmes et des doctrines, ils inaugurent soi-disant l’immense travail de traduction qui se poursuivra pendant dix siècles et qui fera passer les productions les plus variées du bouddhisme indien : récits édifiants, contes, hymnes, philosophie, poésie, dans la langue, dans la pensée, dans la vie de la Chine, d’où elles rayonneront sur les avant-postes de la civilisation orientale, en Corée, au Japon. L’Inde imaginative, émotive, contemplative, apportait à la Chine