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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/182

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troverse. Le roi de Koutcha vint en personne le saluer dans le royaume de Wen-sou et le ramena dans son propre royaume. La fille du roi se fit nonne ; il lui enseigna les textes. À cette époque on comptait dans le pays de Koutcha environ dix mille moines. » Kumārajīva avait reçu du savant Vimalākṣa, originaire du Cachemire émigré à Koutcha, et qui devait rejoindre plus tard (406) son élève en Chine, la discipline monastique de l’école Sarvāstivādin. Sa mère, sur ces entrefaites, retourna dans l’Inde. Mais brusquement un général chinois Lu Kouang, qui devait à son tour fonder une dynastie (les Leang Septentrionaux) vient à la tête de 70 000 hommes réduire Koutcha. La ville est prise. Le vainqueur commence par traiter brutalement le moine qui était la gloire de Koutcha ; il l’obligea même à s’unir avec son élève, la fille du roi entrée dans les ordres. Mais ses dispositions changèrent ensuite ; il le garda près de lui à Leang-tcheou jusqu’à l’an 401 ; puis Kumārajīva passa à la cour des Seconds Ts’in, à Tch’ang-an. Dans l’espace de trente ans environ, il traduisit quatre-vingt-dix-huit ouvrages qui formaient plus de quatre cent vingt fascicules. Il subsiste encore cinquante de ses traductions.

La biographie de Kumārajīva suffit à montrer quelle était la fréquence et la facilité des déplacements d’un bout à l’autre de l’Asie Centrale dès la fin du ive siècle, et combien la culture bouddhique de l’Inde était répandue dans la longue ligne d’oasis qui jalonne les routes de l’Inde à la Chine. Aussi, quand l’Empire du Milieu se trouva déchiré par l’anarchie au temps des Seize Royaumes, un groupe de moines conçut le projet d’aller ensemble dans l’Inde chercher les lois et les préceptes de la religion, afin de sauver