Aller au contenu

Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la foi au moment où elle semblait menacée de disparaître. Partis nombreux, ils s’égrenèrent ou succombèrent en route ; un seul, Fa-hien, accomplit le voyage entier. Il resta quinze années en route, de 399 à 414 ; à son retour, il traduisit plusieurs textes qu’il avait rapportés de l’Inde, et composa la relation de son voyage, qui s’est heureusement conservée. Abel Rémusat l’a traduite sous le titre de Foe koue ki ou Relation des Royaumes Bouddhiques ; cette traduction, publiée quatre ans après la mort de Rémusat, en 1836, couronne glorieusement la carrière du maître qui a créé l’étude scientifique de la langue et de la civilisation chinoises. Parti de Tch’ang-ngan (Si-ngan-fou, du Chàn-si), Fa-hien avec ses compagnons s’achemine par le désert de Gobi vers Touen-houang, d’où il va droit au nord du Lop-nôr à Karachar, puis à Khotan. « À partir de la région du Lop-nôr, tous les royaumes qu’on trouve en voyageant à l’Occident ressemblent plus ou moins à celui-ci : les laïques aussi bien que les religieux pratiquent tous les règles indiennes, avec des différences qui tiennent à plus ou moins de grossièreté ou de raffinement. Chaque royaume a sa variété propre de parler Hou (iranien d’Asie Centrale), seulement les religieux sont exercés tous à l’écriture de l’Inde et au langage de l’Inde. » À Khotan, Fa-hien assiste à une procession religieuse qui l’émerveille ; c’est un spectacle qu’il retrouve plus tard à Pāṭaliputra, puis à Ceylan, sans que son enthousiasme se lasse de la somptuosité, de la noblesse, du pittoresque de ces cortèges. De Khotan à Kachgar, puis à travers le Pamir, et descente sur l’Indus par la vallée de Gilgit. Avant d’entrer dans l’Inde propre, la troupe se partage en plusieurs compagnies qui vont par