Aller au contenu

Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des itinéraires différents visiter les lieux saints du pays de Caboul et de Ghazni. Puis par la vallée du Gomal ou du Kuram, Fa-hien rejoint l’Indus, qu’il traverse. « En voyant arriver des religieux du pays de Ts’in (Chine) les gens du pays furent extrêmement touchés ; ils dirent : Comment ! des hommes des pays limitrophes peuvent aussi quitter leurs foyers pour pratiquer la Voie, et venir si loin à la recharche de la loi du Bouddha ! » Fa-hien gagne Mathurā, descend la vallée du Gange ; il visite minutieusement les lieux saints, passe trois ans à Pāṭaliputra pour étudier et copier les textes ; il se rend ensuite au port de Tāmralipti, le grand entrepôt des bouches du Gange, y passe encore deux ans à copier des textes et des images, s’embarque pour Ceylan, où il poursuit son travail, et retourne en Chine par la voie de mer. Fa-hien a visité l’empire des Gupta au temps de sa plus grande splendeur ; il a résidé longtemps dans leur capitale ; mais il n’est qu’un humble pélerin, modeste et ignoré. Il n’a pas approché les puissants, comme fait Hiuan-tsang deux siècles plus tard ; il vit confiné dans les couvents et les bibliothèques, n’a de regards que pour les choses sacrées, n’a d’oreilles que pour les saintes légendes. Précieux pour la religion et l’archéologie, son témoignage fournit peu à l’histoire. Cependant ses brèves notes laissent deviner son admiration pour le régime dont l’Inde jouissait alors sous l’administration bienfaisante de Candragupta Vikramāditya : « Dans le royaume du Milieu (Madhyadeça, l’Inde Centrale) le froid et le chaud sont modérés et tempérés l’un par l’autre ; il n’y a ni bruine ni neige. Le peuple vit dans l’abondance et la joie. On ne connaît ni registre de recensement (pour l’impôt), ni magistrats, ni lois.