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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/197

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au sommet de la tête une mèche de cheveux qu’il tord en spirale ; sur le reste de la tête, les cheveux sont très courts. Les hommes portent la barbe et ont des pendants aux oreilles. Ils ont l’habitude d’aller pieds nus et s’habillent en blanc. Ils sont craintifs, ont peu de goût pour la guerre et les combats. Ils sont armés de l’arc et des flèches, du bouclier et du javelot ; ils connaissent l’usage des échelles d’escalade, des « bœufs-de-bois », des « chevaux flottants » ; ils font aussi des galeries souterraines. Ils ont une langue écrite, sont excellents en astronomie et dans le calcul du calendrier. Tous les Indiens étudient un livre élémentaire appelé Siddham (l’alphabet avec toutes les combinaisons de lettres), et ils écrivent sur des feuilles appelées pei-to (pattra). »

Ce n’était pas une vaine curiosité qui portait la cour des Wei à s’informer en détail sur l’Inde. Leur effort constant avait tendu à renouer des relations avec l’Ouest lointain. En 445, le royaume de Chan-chan, au sud du Lop-Nor, avait reconnu leur autorité, et la route du Turkestan avait été rouverte après une longue interruption. Leur zèle héréditaire pour la foi bouddhique concordait avec leurs intérêts politiques pour les tourner du côté de l’Inde et de la Sérinde. C’est sous leurs auspices que l’art gréco-bouddhique élaboré au Gandhāra passe en Chine pour y produire ces chefs-d’œuvre qui ont rendu « l’art des Wei » familier à tous les connaisseurs. Les sanctuaires taillés ou plutôt sculptés dans la roche, que l’imagination et la technique hindoues avaient dégagés peu à peu des simples aménagements de grottes naturelles, avaient provoqué l’émulation du bouddhisme chinois. Dès l’an 414, les Wei avaient entrepris, dans le voisinage de Ta-t’ong fou, non loin de P’ing-