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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/214

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soumise à la volonté d’un suzerain puissant ; que le maître vienne à manquer, chaque fief proclame son indépendance ; aux larges entreprises conçues et réalisées par un monarque succèderont les menues jalousies et les discordes intestines. Le père de Harṣa, Prabhākara-vardhana, surnommé Pratāpa-Çīla (Majesté-Moralité) sortait d’une lignée de princes locaux qui faisaient remonter leur généalogie jusqu’à un ancêtre lointain, du nom du Puṣpabhūti. Le panégyriste de Harṣa, Bāṇa, résume à sa manière la carrière de Prabhākara-vardhana en ces termes : « Lion pour ces gazelles les Huns ; fièvre brûlante pour le roi du Sindhu ; cauchemar pour le Gurjara ; peste pour cet éléphant enragé, le sire du Gandhāra ; brigand pour la malice du Lāṭa ; hache pour cette liane, la Fortune du Mālava. » Même en faisant à l’exagération sa part, qui est de style, il n’en reste pas moins que le roi de Sthāṇvīçvara s’était fait craindre de ses voisins ; son activité ambitieuse s’était tournée de préférence vers l’Ouest, du côté de l’Indus et de la mer, sur ce domaine bouleversé par la suite des invasions, où l’énergie personnelle pouvait s’exercer à l’aise. Il avait épousé une princesse du nom de Yaçovatī, et en avait eu trois enfants : deux fils, Rājyavardhana et Harṣavardhana, et une fille, Rājyaçrī. Un prince d’une des meilleures familles de l’aristocratie indienne, Grahavarman le Maukhari, fils aîné du roi Avantivarman sollicita et obtint la main de la princesse. Rājyavardhana, dès qu’il fut en âge de porter les armes, fut placé par son père à la tête d’une expédition envoyée dans le Nord, contre les Huns « comme le lion lance son lionceau à la poursuite des antilopes ». Tandis qu’il s’engageait dans la profondeur des montagnes, Harṣa, plus jeune de quatre