Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/215

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années, surveillait avec un parti de cavalerie le pied des hauteurs. Rappelé par un message auprès de son père moribond, Harṣa rejoint le palais juste à temps pour recueillir les adieux du mourant. L’aîné revient un peu plus tard, couvert de blessures, mais vainqueur des Huns. À la nouvelle du deuil qui l’accable, il veut abdiquer en faveur de son cadet : « Comme le moineau domestique, je ne puis supporter de rester un moment dans une maison ravagée. Je voudrais me retirer dans un ermitage pour m’y purifier dans les ondes pures des ruisseaux transparents qui descendent des sommets. » Et il rend le cimeterre royal à Harṣa, qui le refuse. Tandis que les deux frères rivalisent de piété filiale, de tendresse fraternelle, de noble désintéressement, survient un courrier porteur de nouvelles sinistres : Le roi de Mālava, dès qu’il eut appris la mort de Prabhākara-vardhana, a tué Grahavarma, jeté en prison la princesse Rājyaçrī, les fers aux pieds ; il se prépare à envahir le pays qu’il croit sans défense. L’affection, si forte dans cette famille tendrement unie, l’honneur, le devoir coupent court aux discussions chevaleresques des deux frères. Rājyavardhana accepte la tâche que le destin lui impose ; il saura protéger sa maison, sa race, sa cour, son pays, son peuple. « Le Mālava, s’écrie-t-il, maltraite la lignée de Puṣpabhūti ! C’est le faon qui mordille la crinière du lion, c’est la grenouille qui défie le cobra, c’est la génisse qui prend le tigre ! » Et il ordonne au tambour de battre la marche en avant. Bhaṇḍi, le cousin et l’ami d’enfance des princes, le suivra avec une dizaine de milliers de chevaux. Harṣa doit rester dans le pays pour vaquer aux affaires. L’expédition, si vite engagée, réussit sans difficultés ; le roi du Mālava bat en