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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/224

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il prit la fuite, et alla se réfugier chez son voisin du midi, le roi du port de Bharukaccha (Barygaza du commerce hellénique, Broach à l’embouchure de la Narmada). Une petite dynastie locale, les Gurjara, (qui a laissé son nom au Guzerate, Gurjararāṣṭra) s’y était installée aux environs de l’an 600 et réussit à s’y maintenir un siècle ; ils semblent bien être apparentés d’origine avec les Hūṇa (Huns) mentionnés souvent à côté d’eux. Le roi de Broach, Dadda, se vante, Dieu sait avec quel jeu d’allitérations (bhramadadabhraçubhrābhravibhrama… Dadda) d’avoir « un baldaquin blanc (la gloire est de couleur blanche dans la convention de l’Inde) de gloire qu’on prendrait pour une claire nuée errante, pour avoir protégé le roi de Valabhī qui avait été vaincu par l’empereur Çri Harṣadeva ». Une paix fut conclue entre les adversaires, et le roi de Valabhī épousa même une petite-fille de Harṣa, la fille du prince-héritier.

Évidemment, ce n’était pas le roitelet de Broach, en dépit de ses fanfaronnades, qui avait arrêté Harṣa. Mais, derrière la Narmada, un digne émule de Harṣa venait de constituer un vaste empire ; déjà Harṣa avait appris à connaître la force redoutable des armes de Pulikeçin. La famille de Pulikeçin, les Calukya, ne remontait pas bien haut dans le passé. Son grand’père, Pulikeçin Ier, s’était proclamé roi dans la ville de Vātāpi (Badami, dans le district de Bijapur, N. E. de Goa) et s’était taillé un modeste domaine dans le centre du Deccan. Ses fils, Kīrtivarman et Mangaleça, avaient agrandi le royaume, passé les Ghats Occidentaux, soumis la côte du Konkan où régnait une dynastie qui avait ressuscité le vieux nom des Maurya. Fils de Kīrtivarman, Pulikeçin II, pour recueillir l’héritage