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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/241

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« Après son mariage avec Wen-tch’eng, Srong-btsan Sgam-po construisit une ville, et dans l’intérieur des murs un palais qu’il destinait comme résidence à son épouse. Les Tibétains avaient l’habitude de se peindre la figure en rouge ; la princesse en fut choquée. Srong-btsan l’interdit désormais à ses sujets. Il abandonna son feutre, ses peaux, se vêtit de brocart et de soie, et copia peu à peu la civilisation chinoise. Il envoya aussi les enfants de la noblesse et des gros marchands étudier les classiques chinois, et il invita des lettrés chinois à composer les rapports officiels qu’il envoyait à l’empereur. » L’Inde, comme toujours, n’a pas de témoignage à mettre en parallèle, mais ce qui est rapporté de l’épouse chinoise s’applique également sans doute à l’épouse népalaise. La dévotion populaire, reconnaissante envers l’une comme envers l’autre, les a associées toutes les deux dans un même culte, comme deux incarnations de la déesse Tārā « la déesse qui sauve », la Népalaise est la Tārā verte (le vert est le symbole du foncé), la Chinoise est la Tārā blanche. Mais Srong-btsan était un esprit trop positif pour traiter sur le même pied la famille de ses deux épouses. S’il acceptait d’être le vassal du Fils du Ciel, il se tenait pour le suzerain du Népal. Après sa victoire remportée par les contingents tibétains et népalais sous les ordres de l’envoyé chinois dans l’Inde, le roi de Lhasa s’empressa d’envoyer à l’empereur de Chine un message de félicitations où il s’attribuait le mérite du succès ; il réclamait en récompense des œufs de vers à soie, des pressoirs pour faire le vin, et des ouvriers pour fabriquer le papier et l’encre. Peu après, il mourait (650). T’ai-tsong l’avait précédé d’un an dans la tombe.

Après Srong-btsan Sgam-po, la puissance tibétaine con-