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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/242

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tinue à se développer. Quand son successeur meurt, en 679, le royaume s’étend du Sseu-tch’ouan à Koutcha et Kachgar, au Pamir et à l’Inde. « Depuis le temps des Han et des Wei, il n’y avait pas eu de peuple si puissant parmi les nations de l’Ouest » ; les Annales des T’ang en font loyalement l’aveu. Soumise au Tibet, la Sérinde exerce une influence active sur le bouddhisme tibétain. La tradition locale rapporte que sous le règne de Khri-lde Btsan-brtan, on apporta du pays de Khotan (Li-yul) au Tibet un grand nombre d’objets sacrés de provenance miraculeuse, et aussi plusieurs textes de religion et de médecine furent traduits en tibétain. Mais l’entreprise systématique de traductions ne commença réellement que sous l’héritier de ce prince, le glorieux Khri-srong lde-btsan, issu d’un mariage avec une princesse chinoise. La vieille religion indigène, désignée sous le nom de « Bon », avait essayé de mettre à profit la jeunesse du nouveau roi, encore mineur, pour tirer une revanche terrible du bouddhisme qui l’avait si complètement éclipsée. La piété de Khri-srong lde-btsan eut bientôt raison de ce mouvement xénophobe, qui réclamait l’expulsion des missionnaires chinois et népalais. Il adressa des invitations aux moines les plus réputés de la Chine, de l’Inde, du Népal, du Cachemire ; il envoya une mission spéciale au Magadha pour en ramener Çānti-rakṣita, une des gloires de l’école de Nālandā. Mais toutes les ressources de la scolastique dont disposait ce docteur furent impuissantes contre les mauvais génies qui s’acharnaient alors sur le Tibet pour se venger des succès du bouddhisme. Çānti-rakṣita comprit que le bouddhisme des universités n’était pas fait pour un peuple à peine dégagé de la sauvagerie, ni pour un pays si âpre et si sévère. Sur les