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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/245

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les termes techniques du bouddhisme indien, noms, mots, formules, tables des matières, etc., avec leurs équivalents tibétains. Le travail date du règne de Khri-srong lde-btsan ; il a pour auteur des savants de l’Inde occidentale : Jinamitra, Surendrabodhi, Çīlendrabodhi, Dānaçila, Bodhimitra, assistés d’interprètes (lo-tsa-ba) tibétains, désignés eux aussi en religion par des noms sanscrits : Ratnarakṣita, Jñānasena, etc. La Vyutpatti a servi de base aux traductions ultérieures ; les équivalents qu’elle a enregistrés sont restés définitivement consacrés. Plus tard, elle a été accrue de compléments chinois, mongols, mandchous, et elle a fini par former un vaste dictionnaire pentaglotte qui a facilité aux savants occidentaux l’accès des textes bouddhiques et qui demeure encore un des instruments les plus utiles à leur service.

Devant une pareille invasion de savants et de lettrés, Padmasambhava disparaît ; la légende dit : miraculeusement. Mais l’école des Tantra, l’école de la magie dont il est le héros, ne s’en perpétue pas moins au Tibet ; elle répond trop bien aux véritables besoins religieux du pays. La décadence du bouddhisme lui donne un regain de vitalité ; quand Tsong-kha-pa vient vers la fin du xive siècle réformer l’Église par la création de la secte Jaune, il est obligé de laisser dans ses couvents et ses temples une place à la secte Rouge, héritière de l’enseignement de Padmasambhava.

La Chine avait encore tenté un effort pour arracher à l’Inde la suprême direction du bouddhisme tibétain. Avant la fin du règne de Khri-srong lde-btsan, un maître chinois du nom de Mahāyāna, adepte de l’école nihiliste des Çūnyatāvādin, visite le Tibet et y remporte une série de triom-