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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/246

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phes. Mais Çānti-rakṣita, toujours vigilant auprès du roi, le décide à faire venir du Magadha le docteur Kamalaçīla ; une joute dialectique en présence du roi confirme la supériorité de l’enseignement indien, et le Chinois vaincu est banni du Tibet.

Un domaine de propagande presque illimité semblait à nouveau s’ouvrir devant les apôtres de la civilisation indienne ; l’Église du Magadha put croire au retour prochain des jours d’Açoka et de Kaniṣka. Le Tibet dominait l’Asie Centrale, empiétait sur la Chine ; la capitale impériale était occupée par les Tibétains en 763, et le Fils du Ciel réduit à une fuite humiliante. En 790 la capitale des Turcs, la « Cour du Nord », dans le voisinage de Goutchen, au nord du T’ien-chan, subissait le même sort. La langue tibétaine, véhicule de la pensée et de la science indiennes, s’imposait comme langue de culture du Sseu-tch’ouan et du Yun-nan au Pamir, de l’Himalaya jusqu’aux steppes septentrionales. Mais ces éclatants succès présageaient en réalité la ruine prochaine. Le royaume de Nan-tchao, qui avait assisté les Tibétains dans leurs entreprises contre la Chine des T’ang, infligeait à ses alliés de sanglantes défaites. Sur les ruines de l’empire ouigour, au nord, de nouveaux royaumes turcs s’étaient constitués. Sur les marches orientales de la Chine propre, autour du cours supérieur du Houang-ho, des soldats de fortune, tibétains ou tartares, avaient fondé des états indépendants. Au Tibet même, une réaction formidable s’était déchaînée contre le bouddhisme sous le second successeur de Khri-srong lde-btsan, Glang dar-ma. Ce prince féroce, le Néron et l’Antéchrist de l’église tibétaine, offre aux moines le choix entre la rupture du célibat ou l’exil ; il brûle ou noie les textes