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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/247

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sacrés, ferme les temples qu’il n’ose pas incendier, et finit par périr sous la flèche d’un fanatique. La royauté meurt avec lui ; le Tibet retourne à l’état féodal. L’église met un siècle à se relever de ces coups terribles ; c’est encore avec le concours de l’Inde qu’elle se ranime. La vallée du Gange jouissait alors de la paix, de l’ordre et de la prospérité, sous la protection de la pieuse dynastie des Pāla ; dans les couvents peuplés de moines studieux, on copiait avec amour les textes sacrés ; des manuscrits contemporains de cette renaissance se sont conservés jusqu’aujourd’hui, attestant l’art délicat des calligraphes et des miniaturistes. Les premiers pionniers de la restauration bouddhique allèrent au Népal chercher des textes sacrés avec l’interprétation orthodoxe ; mais le « lama royal » (lha bla-ma, investi de l’autorité temporelle et religieuse) Ye-çes’od voulut régénérer l’Église au foyer même des études, dans l’Inde propre. Il choisit quatorze jeunes gens bien doués qu’il envoya en mission avec ce programme : « Rassemblez les meilleurs savants ; rapportez les saints préceptes ; enfin rapportez les saintes images et les ouvrages rares les plus estimés ». Un petit nombre des envoyés revint au pays, les autres succombèrent en voyage. Le travail de traductions put reprendre ; les savants d’outre-Himalaya, en particulier ceux du Cachemire et du Népal, apprirent de nouveau le chemin du Tibet. L’an 1042 marque l’arrivée du plus glorieux et du dernier des grands missionnaires passés de l’Inde au Tibet, Atīça, désigné en religion sous le nom de Dīpankara Çrījñāna. La légende a fait de sa vie un roman ; il naît dans une famille royale, se marie, a des enfants, étudie, possède à vingt-et-un ans toutes les sciences profanes. Mais il dédaigne les succès du monde, et part