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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/251

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à l’ouest, remonter une des vallées sauvages qui se découpent dans l’énorme massif de l’Hindou-Kouch, descendre sur le haut bassin de l’Oxus ou de ses affluents, gravir les pentes du « Toit du Monde », braver les neiges, les glaces, les avalanches, les ouragans, et dévaler enfin sur Kachgar ou sur Yarkend et Khotan. Mais ces obstacles n’étaient pas suffisants pour arrêter l’appétit du lucre, l’ambition des conquêtes, ou la ferveur de l’apostolat. Les rois grecs de la Bactriane semblent avoir poussé leurs entreprises au-delà du Pamir. Les légendes des couvents locaux rattachaient volontiers les origines à l’empereur Açoka ; un prince indien, banni de la cour du Magadha, venait s’installer outre-monts, il s’y rencontrait avec un prince chinois ; soit de leur accord, soit de leur rivalité, une ville surgissait. Les dynasties locales, au gré de leurs intérêts politiques, se réclamaient d’un aïeul indien ou d’un aïeul chinois ; tels les roitelets du K’ie-p’an-t’o (Tachkourgane ?) qui prétendaient descendre d’une princesse de Chine envoyée comme épouse au roi de Perse et miraculeusement interceptée en route.

D’où sont réellement venus les premiers habitants ? La préhistoire du pays reste à faire, et l’histoire positive ne commence qu’avec les premiers documents chinois, au milieu du iie siècle avant l’ère. Depuis quelque temps, il est vrai, la science s’est prodigieusement enrichie sur ce domaine. Après ces itinéraires ouverts par une légion de hardis voyageurs (Prjevalski, Groum Grjimaïlo, Dutreuil de Rhins, Sven Hedin, etc.), après les trouvailles de textes dues à Petrovski, Berezovski, Klementz, Weber, Bower, les explorations d’Aurel Stein, de Pelliot, de Grünwedel et von Lecoq, du comte Otani et de Tachibana ont