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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/55

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dre moral et religieux. Écoutons seulement ces nobles paroles où Açoka met à la portée de tous, dans une langue simple et forte, ses remords et son nouvel idéal (Édit XIII) : « Sa Majesté l’Empereur a dans la neuvième année de son règne conquis le Kalinga, 150 000 personnes ont été emmenées en captivité, 100 000 ont été tuées, et le nombre de ceux qui ont péri est que de fois plus grand ! Depuis la conquête du Kalinga, Sa Majesté a mis son zèle à protéger l’Ordre légal, s’est consacré à l’Ordre légal, et en a proclamé les règles. Si grand est le remords que Sa Majesté ressent pour la conquête du Kalinga ! car, pour soumettre un territoire qui n’avait pas encore été soumis, il a fallu tuer, massacrer, emmener en captivité ; tout cela a été vivement et douloureusement ressenti par Sa Majesté. Mais voici qui donne encore plus de regret à Sa Majesté : c’est que dans pareil territoire il habite des brahmanes et des sramanes, des gens de toutes sectes, des maîtres de maison qui tous pratiquent l’obéissance à l’autorité sainte, l’obéissance aux parents, l’obéissance aux maîtres de savoir, la bonne conduite à l’égard des amis, des relations, des camarades, de la famille, des esclaves, des serviteurs. Et là ces gens sont exposés à la violence, au meurtre, à la séparation d’avec les êtres aimés. Même ceux qui grâce à une protection conservent ceux qui leur sont chers, ils voient la ruine tomber sur leurs amis, leurs relations, leurs camarades, leur famille, et ils ont subir un tort, même sans être atteints en personne. Toutes les misères de ce genre sont douloureusement ressenties par Sa Majesté. Car il n’y a pas de pays où n’existent des communautés telles que les brahmanes et les sramanes ; il n’existe nulle part de pays