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CHAPITRE IV

Renaissances comme une promenade dans un bosquet ; ainsi il n’a pas peur de la Souillure ni de la douleur, au temps de la prospérité comme au temps de l’infortune.

25. Leurs vertus propres, la joie que donne le salut des créatures, la Naissance-par-préméditation[1] et les transformations magiques sont la parure, l’aliment, la terre excellente, l’amusement de ceux qui sont toujours compatissants.

Le Bodhisattva qui voit que tous les Idéaux ressemblent à des illusions n’a pas à craindre les Souillures au temps de la prospérité ; il voit que les Renaissances ressemblent à une promenade dans un bosquet, et il n’a pas à craindre la douleur au temps de l’infortune. Quelle crainte ferait donc reculer chez lui la Pensée de l’Illumination ? De plus leurs propres vertus sont l’ornement des Bodhisattvas ; la joie qu’ils ont au salut d’autrui est leur aliment ; la Renaissance-par-préméditation est une terre de bosquet ; les transformations magiques sont leurs jeux d’amusement. Pour les Bodhisattvas seulement, et non pas pour d’autres que les Bodhisattvas. Comment donc leur Pensée reculerait-elle ?

Un vers pour exclure la peur de la douleur.

26. Si par esprit de compassion il travaille tant au Sens d’autrui que l’enfer Avîci même lui semble aimable à ce prix, comment lui arrivera-t-il d’être effrayé par les douleurs qui s’élèvent dans l’existence sur le Fond d’autrui ?

Si dans son effort pour le sens d’autrui l’Enfer même paraît aimable à ce Compatissant, comment donc se laissera-t-il intimider dans l’existence par des douleurs qui ont pour Signe le Sens d’autrui ? En effet, s’il avait peur de la douleur, la Pensée reculerait !

Un vers pour exclure l’Apathie quant aux êtres.

27. Si le grand maître de la Pitié habite constamment son âme, si son cœur est brûlé par les douleurs d’autrui, en présence

  1. Saṃcintyajanma, saṃcintyopapatti. Tib. bsam bźin (skye ba) « (naissance selon la volonté » ; chin. « accomplir son intention ». Saṃcintya° est employé au gérondif. Cf. pali sañcicca, et aussi l’emploi de avetya° (= avecca°) inf. VIII, 3.