cet article[1]… Les rois sont hommes comme les autres, et dans un royaume héréditaire il faut de nécessité que des princes de tout caractère se succèdent… » Mais pourquoi la dignité royale doit-elle être héréditaire ? Frédéric ne le dit point. À cette question il eût répondu sans doute en montrant, par l’exemple de la Pologne, où conduit le principe de l’élection du souverain. L’intérêt suprême de l’État exige que la transmission du pouvoir ait lieu sans contestation et sans secousse. Il faut aussi qu’une politique constante et à longue portée puisse être poursuivie au besoin pendant des siècles, comme ont fait les rois de France, comme ont fait aussi les électeurs de Brandebourg, dont Frédéric II lui-même est le fidèle héritier.
Le pouvoir du prince est absolu : sa volonté fait loi. Poinl de limite constitutionnelle. Seulement les droits du prince se légitiment et se définissent en même temps par ses devoirs. Il peut tout, mais il ne veut que le bien de l’État. S’il est maître absolu, c’est pour mieux prendre soin des intérêts de tous. « Ne faudrait-il pas être en démence, dit Frédéric II, pour se figurer que des hommes ont dit à un homme leur semblable : « Nous vous élevons au-dessus de nous parce que nous aimons à être esclaves, et nous vous donnons la puissance de diriger nos pensées à votre volonté[2] ? » Ils ont dit au contraire : « Nous avons besoin de vous pour maintenir les lois auxquelles nous voulons obéir, pour nous gouverner sagement, pour nous défendre ;