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de la fidélité et beaucoup de travail. Exigence et méfiance, telle est sa devise. Dans les affaires importantes, le ministre compétent expose par écrit les raisons pour et contre. Le souverain n’a qu’à lire attentivement, et à ajouter sa décision. Toute affaire contentieuse est tranchée par lui en dernier ressort, le plus souvent jusque dans les détails, parfois d’une indication brève et générale. « Votre principium regulativum doit être : le roi de Prusse ne paye rien[1]. »

III

La politique extérieure tient une place importante dans le « système bien lié » dont parle Frédéric II : elle y rentre sans peine, car, de même que la politique intérieure, elle a pour principe suprême, on pourrait dire unique, l’intérêt de l’État. Dès l’âge de dix-neuf ans, Frédéric, encore prince royal (1731), s’était tracé un plan conforme à ce principe[2]. La Prusse est un royaume qui se compose de pièces et de morceaux, égrenés de la Vistule à la Meuse : il s’agit d’en faire un tout compact. Donc, acquérir la Prusse polonaise, province évidemment nécessaire, qui reliera la Prusse royale au reste du royaume, et permettra de peser à l’occasion sur la Pologne ; se débarrasser des Suédois

  1. Correspondance politique, II, 375 (au sujet des dettes de Silésie).
  2. Réflexions sur l’état et l’avenir de la Prusse, cité par Oncken, I, p. 249