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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/115

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restés dans la Poméranie antérieure et qui gênent la Prusse sur la Baltique ; enfin s’établir solidement sur le Rhin, en s’assurant de Clèves et de Juliers, au besoin par la force. En 1775, une partie de ce programme a été exécutée ; Frédéric y ajoute la Saxe[1]. « Jusqu’à ce que l’on ait tout cela, rester sur le qui-vive, les oreilles dressées. »

Pour saisir les occasions favorables, et pour déjouer les convoitises des voisins, chez qui Frédéric soupçonne naturellement des desseins semblables aux siens, il faut avant tout « un trésor bien garni, des troupes en bon état et nombreuses ». Les finances et l’armée sont les deux organes essentiels de cet État, qui réalise assez bien le type appelé par M. Spencer guerrier ou déprédateur. C’est pourquoi au sortir de chaque guerre, même heureuse, Frédéric commence par emplir ses caisses coûte que coûte, et augmente l’effectif de l’armée. Après la seconde guerre de Silésie, le marquis de Valori, ambassadeur de France, s’extasie sur l’état des troupes prussiennes, plus belles que jamais[2]. « Les anciens régiments paraissent avoir gagné encore sous le rapport de la discipline et de l’instruction militaire. » De même, à la fin de la cruelle guerre de Sept ans, qui avait réduit son royaume à la plus extrême misère, Frédéric II garde son armée sur le pied de guerre, et ramasse de l’argent pour commencer au besoin une nouvelle campagne.

C’est que les hommes et l’argent sont les conditions indispensables du succès dans les entreprises où Frédéric II se risque ; aussi ne manque-t-il ja-

  1. Exposé du gouvernement prussien, etc. Œuvres IX, p. 190.
  2. Cité par Ranke, Œuvres, t. XXIX, p. 267.