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CHAPITRE VI


HERDER. — LES IDÉES D’HUMANITÉ ET DE NATIONALITÉ.


I


Désormais le branle est donné. Le mouvement qui a commencé par être intermittent, pénible, hésitant, s’accélère et se renforce à vue d’œil. On peut en suivre le progrès année par année, comme a fait par exemple M. Julian Schmidt, dans son excellente Histoire de la Littérature allemande. Poésie lyrique et dramatique, esthétique, philosophie, archéologie, critique, philologie, tout se développe à la fois. On dirait que l’Allemagne se hâte de regagner le temps perdu, et son ardeur au travail s’accroît au fur et à mesure que sa confiance en soi s’affermit.

Il ne nous appartient pas d’entrer ici dans le détail, qui serait presque infini. Bien des historiens ont rendu justice déjà aux recherches originales de Winckelmann, à la grâce élégante de Wieland, au zèle de la « philosophie populaire » qui s’efforçait de répandre partout les lumières, à Mendelssohn, à Nicolaï, et à leurs amis qui collaborent de leur mieux à l’œuvre de Lessing, et qui répandent dans