toute la nation les idées de liberté, de justice et de tolérance. La réaction contre ce rationalisme un peu sec, étroit et utilitaire n’a pas été moins bien étudiée. On a signalé l’influence extraordinaire et presque incroyable de Rousseau, aussi profonde en Allemagne jusqu’en France. Rousseau apportait « l’Évangile de la nature ». Comme un autre Christophe Colomb, selon le mot de M. du Bois Reymond, il ouvrait à l’Allemagne un monde nouveau. On a montré enfin comme tout ce qui paraissait d’important en Allemagne et même en Europe était aussitôt lu, étudié, analysé par de nombreuses revues ; surtout dans la Bibliothèque allemande universelle, qui vécut avec diverses fortunes de 1765 à 1805, et à laquelle la plupart des écrivains qui comptent dans les lettres allemandes ont plus ou moins collaboré.
De tout cela nous n’avons à retenir que l’effet d’ensemble, c’est-à-dire la multiplication et le succès de ces efforts, qui, tout en concourant à un même but, en provenant d’un même fond, d’une même inspiration, restent cependant isolés et indépendants les uns des autres. Si en effet la conscience de l’Allemagne tend à s’éveiller, si un même tressaillement parcourt le pays entier à l’annonce de quelque grand événement et surtout à l’apparition de quelque œuvre puissante, l’extrême division n’en reste pas moins le caractère principal de l’époque. Comme il n’y a point d’état politique qui soit l’Allemagne à proprement parler, il n’y a pas non plus de capitale vers laquelle se tournent tous les regards et affluent toutes les ambitions. Ni Berlin, ni Vienne, ni Dresde, ni aucune autre ville ne peut pour diverses raisons aspirer à ce rôle. C’est pourquoi la