Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Frédéric II, son héros et son rival heureux, il chercha à arrondir en Allemagne même ses états héréditaires. Justement la branche de la maison de Wittelsbach qui régnait en Bavière allait s’éteindre. Joseph II songea à profiter de la succession pour réunir la Bavière à ses États, et offrit en échange les Pays-Bas autrichiens à l’héritier (le duc de Deux-Ponts). L’opération eût été doublement avantageuse pour la maison d’Autriche. Elle se défaisait d’une province remuante, isolée, difficile à défendre en cas de guerre avec la France ; elle acquérait, au contraire, un pays exclusivement catholique, assimilé d’avance, et contigu à ses provinces de la Haute-Autriche et du Tyrol. Elle compensait et au delà la perte de la Silésie. Elle s’assurait en Allemagne une prépondérance incontestée avec la possession de la haute vallée du Danube.

Mais plus l’Autriche trouvait d’avantages à cette combinaison, plus Frédéric II devait s’y opposer. Il réussit à alarmer sérieusement la plupart des princes allemands, en leur persuadant que cet échange n’était qu’un premier pas. Joseph II, encouragé par un premier succès allait confisquer à son profit la liberté allemande et réduire les princes allemands, indépendants de fait, à l’état de simples vassaux. L’habileté de Frédéric II, et, il faut le dire aussi, la maladresse et les ambitions mal déguisées de Joseph II, déterminèrent la plupart des gouvernements allemands à entrer dans une Ligue des princes[1],

  1. Voyez sur la Ligue des Princes : L. von Ranke, Die deutschen Machte und des Fürstenbund. — Karl Klüpfel. Die deutschen Einheitsbestrebungen. p. 265-278. — Wenck, Deutschland vor hundert Jahren, p. 176-180.