Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/215

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de l’Allemagne se concentrant peu à peu dans la même main, et l’Empire prêt à redevenir une grande puissance. Ils nient ces projets, ils dissimulent ces espérances. Ils ne les forment peut-être pas, car ils ont en vue, non l’intérêt allemand, mais l’intérêt autrichien. En tout cas, ce langage n’aurait pu qu’effrayer les princes allemands, qu’ils voulaient rassurer, et l’opinion, qu’ils prétendaient gagner. Au contraire, ce sont les partisans de la Ligue des princes qui crient bien haut au public : « Prenez garde, si l’Autriche réussit à annexer la Bavière, si sa puissance ne trouve plus de contrepoids en Allemagne, c’en est fait de la « liberté allemande ». Sa domination va peser sur les états secondaires et leur enlever toute indépendance. Les princes ecclésiastiques se verront séculariser, les autres médiatiser, et peu à peu cette république de rois deviendra une monarchie. Tous les résultats, politiques et religieux, de la guerre de Trente ans, vont être remis en question. » Pour éviter ce malheur, on va jusqu’à rappeler que les puissances étrangères sont garantes des traités de Westphalie. « La France, écrit M. de Hofenfels, ne peut pas permettre que l’Allemagne se transforme en monarchie, car l’armée d’un empereur d’Allemagne serait tout autre chose que le contingent de l’Empire. » On sait que ce malheureux contingent était la risée de tous les militaires de l’Europe, mais surtout des Autrichiens et des Prussiens. Il était fourni par tous les petits princes, proportionnellement à l’étendue de leur territoire. On voyait parfois trois ou quatre souverains minuscules s’associer pour fournir une compagnie, et se disputer à qui en désignerait le capi-