Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voudrait acclimater en Allemagne l’industrie de la soie[1] ; il propose la création de puissante compagnies commerciales[2] ; il s’occupe d’un projet de fabrication d’eau-de-vie avec le sucre : il en écrit par deux fois au roi Guillaume III, et il insiste longuement sur la nécessité d’atteindre la France dans la source même de sa richesse. Il faudrait aussi réformer le système monétaire, en établir l’unité avec celle des poids et mesures, supprimer toutes les entraves qui gênent le commerce, et en particulier les douanes intérieures. Leibniz va même jusqu’à s’occuper des malheureux et des vagabonds. Il reconnaît le droit au travail et supprimer toutes des réformes assez analogues au socialisme d’État de M. de Bismarck[3] : par exemple l’établissement de caisses d’assurances pour tous les citoyens. L’État aurait l’administration de ces caisses. Leibniz n’est jamais las. Sans cesse sa fertile imagination entrevoit de nouveaux moyens de rendre à l’Allemagne un peu de son ancienne prospérité. Et pourtant, à quoi tout cela devait-il aboutir ? Pas une de ces suggestions ne fut écoulée, pas un de ces projets ne trouva faveur.

Dès 1669, Leibniz avait exprimé, dans un mémoire que M. KIopp a publié[4] son sentiment sur l’état des sciences en Allemagne, sur le préjudice que cet état causait à la nation, et sur les moyens d’y remédier. Il n’est guère à notre honneur, dit-il, à nous

  1. Klopp, VI, 229.
  2. Klopp, VI, 91.
  3. Klopp, VI, 231-41.
  4. Klopp, I, 133-148 : Sur la fondation d’une Académie ou d’une Société en Allemagne, pour le développement des arts et des sciences.