Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/35

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autres Allemands, que nous ayons été presque toujours les premiers dans la découverte des arts mécaniques, des autres arts et des sciences, et que nous soyons les derniers à perfectionner ces arts et à appliquer ces sciences ; comme si la gloire de nos ancêtres suffisait à maintenir la nôtre… » En matière de chimie, d’industrie minière, d’horlogerie, de gravure, de perspective (Albert Dürer), de navigation, d’astronomie, d’art de la guerre et de médecine, les Allemands ont été les initiateurs ou les inventeurs. « Mais par malheur nos manufactures et notre industrie vont toujours en déclinant de plus en plus… Comme les sciences et les arts sont aussi négligés, rien d’étonnant si les meilleurs esprits se ruinent, ou se rendent près de souverains étrangers, qui connaissent bien leur valeur, et savent attirera eux les plus beaux génies de toute l’Europe, n’ignorant pas qu’il s’agit d’hommes dont un seul vaut plus que mille nègres d’Angola… Quand nous avons eu trouvé quelque chose, les autres nations ont su bien vite le perfectionner, l’étendre et l’appliquer, et quand ils l’ont si bien arrangé que nous-mêmes nous ne le reconnaissons plus pour nôtre, ils nous le renvoient. Il nous arrive dans ce commerce des sciences comme dans le commerce ordinaire… C’est comme celui qui rachète son cheval à qui le lui a volé. » Et comparant l’Allemagne à ses voisins, Leibniz insiste sur les services que rendent en Angleterre la Société royale, et en France l’Académie française et le Journal des Savants. Que ne devrait donc pas produire un grand pays comme l’Allemagne ! Mais « les plus habiles s’en vont et laissent l’Allemagne à sa misère. Quel dommage irréparable