Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/36

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c’est pour elle, un politique raisonnable peut en juger facilement. » Les gens de mérite sont chose plus précieuse que l’or, le fer et les armes, et il devrait être défendu de les laisser passer à l’étranger, à plus forte raison, chez l’ennemi. Que faudrait-il donc ? Que les gouvernements en prissent soin, et fussent moins avares d’encouragements pour les savants et pour les chercheurs.

Leibniz lui-même sollicite en 1668 un privilège pour la publication de Semestria. Ce serait une Revue bibliographique de tout ce qui paraît en Allemagne, destinée à unir les efforts de tous les savants allemands. On accorde ce privilège à la traduction latine d’un journal français[1] ; pourquoi favoriser l’étranger plutôt qu’un Allemand ? De l’idée d’une Revue bibliographique, Leibniz, passe bientôt à une Encyclopédie des sciences, soit démonstratives, soit historiques ; puis cette Encyclopédie serait accompagnée d’un Atlas universel avec cartes, figures et planches coloriées et illustrées. Dans cette imagination de philosophe le moindre projet devenait encyclopédique. Leibniz n’obtint même pas le privilège demandé, malgré l’appui de son ami Boinebourg, près la cour de Mayence. Les princes allemands étaient terriblement besogneux, ou du moins peu disposés à employer une part de leurs ressources à encourager les sciences. Leibniz n’espère rien des universités, dont les défauts lui paraissent sans doute incurables. Il voudrait plutôt fonder des Sociétés savantes, où l’esprit de la science et de la philosophie modernes se manifesterait par

  1. Klopp, I, 61.