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CHAPITRE II


LE PIÉTISME — THOMASIUS. — LES REVUES MORALES.


I

Le travail de reconstitution commença petitement, modestement. Il fut l’œuvre d’hommes médiocres, qui n’avaient ni le vaste génie, ni les vues compréhensives de Leibniz, et qui, sans songer plus loin, se tenaient dans le cercle assez étroit de leurs occupations professionnelles. Mais, en revanche, ils y apportaient une chaleur et une passion qui manquaient peut-être à Leibniz, et le but qu’ils se proposaient, ils surent l’atteindre.

C’est d’abord un double mouvement, religieux et philosophique, qui se dessine dès la fin du XVIIe siècle et se développe au commencement du XVIIIe. Nous ne les séparons pas, parce qu’en effet, en Allemagne, les rapports de la philosophie et de la théologie sont toujours demeurés fort étroits, Même lorsque la philosophie aura revendiqué son indépendance, lorsqu’elle aura conquis le droit de suivre sa voie propre, et de s’appuyer sur des principes purement humains, même dans notre siècle,