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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/47

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chassés de Leipzig, et Thomasius dut partir avec eux. Par bonheur, l’électeur de Brandebourg, pratiquant déjà la politique que devait suivre plus tard Frédéric II, leur offrit un asile à Halle, et bientôt l’université fondée dans cette ville en 1697 devint le foyer le plus actif du piétisme. De là il rayonna sur toute l’Allemagne et même plus loin, jusqu’en Suisse et dans les Pays-Bas[1], se répandant dans les villages comme dans les grandes villes, et pénétrant dans les couches profondes du peuple.

Comment un mouvement religieux de cette importance n’a-t-il pas eu aussi un caractère et des conséquences politiques ? Un coup d’œil sur l’état de l’Allemagne répond aussitôt à cette question. Les circonstances étaient trop défavorables. Le morcellement territorial, la misère générale, la division entre les hautes et les basses classes, l’apathie des esprits, tout s’opposait à l’apparition d’un intérêt politique commun. Ni Spener ni ses successeurs n’en eurent l’idée. Le piétisme ne put même pas ralentir le mouvement qui tendait à subordonner de plus en plus les autorités ecclésiastiques au pouvoir civil. En effet, le clergé luthérien ne voulait pas entendre parler d’une participation active des communautés aux affaires ecclésiastiques. Il aimait mieux ne dépendre que des princes. Dans la pratique, les communautés n’avaient souvent plus le

  1. M. {{sc|Biedermann cite particulièrement ; Francfort et ses environs, Leipzig, Dresde, Berlin, Hambourg, Brème, Lübeck, Altona, Kiel, Kœnigsberg, Dantzig, Riga, Rostock, Wolfenbüttel, Harzgerode, Halle, Delitzsch, Quedlimbourg, Erfurt, lena, Gotha, Giessen, Darmstadt, Essen, Heidelberg, Tübingue, Strasbourg, Augsbourg, Ulm, Nördlingen, Nüremberg, Schweinfurt, Waldeck, la Silésie, la Lusace, etc. II, 1, 341.