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III


Dans un événement contemporain considérable, qui n’est pas, il est vrai, d’ordre politique, le même souci patriotique se fait jour. En 1737, Georges II, roi d’Angleterre et électeur de Hanovre, fonda l’Université de Göttingen[1]. Les raisons qui l’y décidèrent n’étaient certes point désintéressées. Il était surtout sensible aux avantages d’ordre économique et fiscal. Il voyait la ville de Halle riche et prospère, grâce aux mille étudiants qui s’y rendaient chaque année. La Hesse comptait trois universités. La Saxe avait Leipzig et Iéna. Le Hanovre au contraire ne possédait que la seule université de Helmstädt, autrefois célèbre, mais actuellement dans un état de décadence qui paraissait irrémédiable. L’idée de fonder une université nouvelle à Göttingen ne déplut pas au roi. La jeunesse hanovrienne viendrait y dépenser son argent, au lieu de le porter à Halle, chez le roi de Prusse. Peut-être attirerait-on des étudiants des autres parties de l’Allemagne et même d’Angleterre. Mais que de difficultés ne fallut-il pas surmonter ! Göttingen était un vrai trou. On y était comme isolé du reste du monde ; à peine si la poste y apportait les lettres. Ni professeurs ni étudiants ne se souciaient beaucoup de s’enterrer là. En 1736, après quatre ans d’efforts, le projet paraissait presque abandonné.

  1. Voyez sur ce sujet la très complète étude de M. Rossler : La fondation de l’Université de Göttingen}}. Göttingen, 1855