Aller au contenu

Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le mépris où on les tenait. À Göttingen ils reçurent un traitement qui leur épargna cette humiliation.

La liberté de parler et d’écrire leur fut aussi moins chichement mesurée. « Il faut éviter, dit Münchhausen, que les théologiens ne s’arrogent un droit de surveillance sur leurs collègues. Ce qui s’enseigne dans les autres facultés ne les regarde pas. Et pour prévenir les difficultés, on devra choisir avec la plus grande prudence les professeurs de théologie. Sans doute, il ne nous faut pas d’hommes dont les doctrines conduiraient à l’athéisme ou au naturalisme, ou qui attaqueraient les articles fondamentaux de la religion évangélique : mais il ne nous faut pas non plus de théologiens qui prétendent à une sorte de papauté évangélique, qui traitent d’hérétiques ceux qui pensent autrement qu’eux sur des points qui n’intéressent pas les fondements de la religion, et qui considèrent comme insupportables la liberté de conscience et la tolérance : ce qui d’ordinaire ne fait qu’engendrer des disputes inutiles et des troubles intérieurs. »

Münchhausen tint la main à ce que ces sages instructions fussent suivies. Il trouva le nombre de théologiens tolérants et raisonnables qu’il lui fallait. Un autre danger qui aurait tout compromis fut encore écarté. Pour empêcher les rixes entre soldats et étudiants, Münchhausen supplia le roi Georges de déplacer ou du moins de réduire la garnison de Göttingen. Enfin, tous ces périls conjurés, l’Université fut inaugurée en 1737, et elle ne tarda pas à devenir la plus brillante de l’Allemagne. Tandis que la théologie et la philosophie proprement dite dominaient encore dans les autres, à Göttingen on