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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/93

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premiers empereurs allemands, et, ce qui est mieux encore, ils l’écrivent en allemand.

Ainsi le mouvement imprimé par les Spener, les Thomasius, les Wolff, s’était peu à peu étendu et accéléré, sans être toutefois uniforme, ni continu. Il faut compter naturellement avec les retours offensifs des traditions ou des abus qui ne cèdent point sans combat. Les partisans du latin surtout croyaient tout perdu si les professeurs se mettaient à parler et à écrire en allemand. Les Acta eruditorum de Leipzig disaient de l’histoire allemande de Mascov : « C’est un si bon livre qu’il mériterait d’être écrit en latin. » Un rapport de l’université de Tubingue, en 1725, attribue en partie les funestes effets de la philosophie de Wolff à ce que le professeur parlait en allemand. De même, si les théologiens sont tenus en bride à Göttingen, ailleurs, à Halle par exemple, ils sont les maîtres et souvent des maîtres intolérants. Enfin les mœurs des étudiants, à peine améliorées, se gâtent de plus belle. Chaque année amène une nouvelle génération de garçons grossiers, brutaux, et sans éducation ; tout le terrain que l’on croyait gagné semble reperdu.

Mais enfin, dans l’ensemble, le progrès l’emporte. Un des plus heureux symptômes de ce progrès était en même temps une promesse pour l’avenir. On commençait à mieux comprendre les soins qu’exige l’éducation des enfants. Au commencement du siècle les moralistes sont d’accord pour déplorer l’extrême dureté dont on usait à leur égard. Les enfants tremblent devant leurs parents « comme devant le diable ». On ne les élève qu’à force de coups. Personne n’a l’idée de « l’âme de l’enfant », et des