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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/130

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La confession du sorcier.

À Nias, les « indigènes ont, contre les beghu (esprits) qui causent les maladies, des amulettes qu’ils portent autour du cou. Elles sont en général faites de métal, or, argent, cuivre, ou plomb… ou bien ce sont des plaquettes avec des inscriptions en malais… ou simplement des bouts de papier portant ces inscriptions… Il y a encore un grand nombre d’autres amulettes contre les maladies, par exemple, des petites pierres de forme bizarre, des coquillages, des dents d’animaux, des fruits pétrifiés, des fossiles, etc.[1]. »

Inutile d’insister sur l’extraordinaire variété des objets qui ont la vertu d’écarter le malheur, et par cela même, de porter bonheur. Presque tous les ornements où se complaît la coquetterie, tant masculine que féminine, ne sont devenus parure qu’après avoir d’abord servi d’amulettes. Même alors, leur fonction première peut subsister. Ainsi, chez les Ao Nagas, « le premier vêtement d’une fillette est un simple cordon autour de sa taille », dit M. Mills, et il ajoute, en note : « Ce cordon, qui est fait de fils bleu foncé et rouge mélangés, doit écarter les mauvaises influences. Une jeune fille continue souvent à le porter sous sa jupe autour de sa taille, pendant plusieurs années[2].

(S. N., pages 4-5.)

Personnes porte-bonheur.

Un primitif, en général, refuse de se séparer de ce qui lui porte bonheur : amulettes, talismans, charmes, pierres de forme bizarre, instruments et armes qui ont été « heureux », etc. Le même sentiment le pousse à s’attacher aux personnes que la chance favorise, et à s’écarter de celles qui ne réussissent pas, ou que frappe le malheur.

Chez les Dayaks maritimes étudiés par Perham, « les remèdes sont appliqués aux malades par un homme qui a la réputation d’être chanceux[3] ».

  1. Kleiweg de Zwaan, Die Heilkunde der Niasser, p. 51 (1913).
  2. J. P. Mills, The Ao Nagas, p. 40.
  3. J. Perham, Manangism in Borneo. Journal of the Straits Branch of the Royal Asiatic Society, XIX, p. 87 (1887).