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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/144

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Divination par les animaux.

Dans un très grand nombre de cas, les puissances occultes dont le primitif se sent entouré, et dont il lui faut connaître les dispositions, ne peuvent être ni évoquées ni interrogées. Il aura donc recours à d’autres procédés.

Une de ces formes de divination qui nous sont le mieux connues consiste à examiner les entrailles, et en particulier le foie, des victimes.

À Bornéo, dans la plupart des occasions importantes, « les Dayaks ont recours à la divination par le moyen du foie d’un porc. A-t-on besoin de quelque chose d’extraordinaire ? on le demande au porc. Si l’on craint que des ennemis ne soient dans le voisinage, ou la mauvaise chance, ou la maladie, on demande au porc si vraiment cela va arriver. Ils disent au porc de ne pas les induire en erreur, et de porter leur message à l’Être suprême. On peut même dire au porc qu’on ne va pas le tuer et le manger ; mais juste au moment où l’on finit de parler, il est tué, de crainte que le message ne soit changé par le porc s’il sait qu’on va le tuer[1]. »

« La dimension et le caractère de chacun des lobes du foie, l’aspect de la vésicule biliaire, la quantité de graisse et de tendons sont examinés avec le plus grand soin, et chaque détail a sa signification. »

(M. P., pages 203-204.)

Médiums et clairvoyants.

Les primitifs savent utiliser, pour communiquer avec le monde invisible, les propriétés spéciales des médiums, et mettre ceux-ci en « état second ». Ils n’ignorent à peu près rien des phénomènes familiers aux spirites de tous les pays et de tous les temps. Les Phantasms of the living de Myers ne leur offriraient rien qui les surprît. Le commerce avec les esprits, en particulier avec ceux des morts, fait partie de leur expérience quotidienne. Tout en le redoutant parfois,

  1. A. C. Haddon, Head hunters, black, white, and brown, p. 337.