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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/151

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CHAPITRE VII

LA PURETÉ ET L’IMPURETÉ

« Pur » et « impur ».

Les mots « pur, impur, souillé » ont plusieurs sens pour la mentalité primitive : des sens figurés, un sens dérivé (moral), et d’autres. Le sens originel, d’après ce qui précède, serait : « Exposé à une mauvaise influence, sous le coup d’un malheur. » — « Purifié » veut dire « mis hors de la portée d’une telle influence, à l’abri d’une telle menace ». Par une conséquence immédiate, « impur et souillé » signifie également « ce dont le voisinage ou le contact est dangereux ». On a vu plus haut… la tendance spontanée et constante des primitifs à s’écarter de ce qui est malheureux, à s’unir à ce qui est heureux. La proximité, et à plus forte raison le contact, sont des causes de participation.

Les idées de « souillure, impureté, pureté, purification », et autres semblables, sont donc chez les primitifs étroitement liées à celles de l’hostilité ou de la faveur des puissances invisibles, des influences bonnes ou mauvaises qui commencent ou cessent de s’exercer, et par suite aux idées de bonheur et de malheur.

(S. N., page 281.)