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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/155

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l’homicide. Sa condition devient semblable à la leur. On évite son contact. On ne la laisse, comme eux, reprendre la vie commune que lorsqu’elle a été purifiée de sa souillure. Le fait est à peu près universel.

(S. N., pages 375-376.)

Parfois, cette réclusion se prolonge extraordinairement. « Très étonné de ne rencontrer aucune fillette dans les villages, je demandai au catéchiste ce qu’on en fait. « Elles sont enfermées dans les cases avant d’être mariées, d’après la coutume du pays (Cameroun) ; si vous voulez, vous pourrez en voir. » Il me conduisit alors dans plusieurs cases où étaient enfermées une, deux, quatre ou cinq filles littéralement enfouies dans l’obscurité, ayant chacune sa petite cellule formée de deux parois en nervures de palmiers. En vain je scrutai du regard ces petits réduits, l’obscurité était trop dense pour que j’y puisse découvrir quelque chose. Sur ma demande, les femmes préposées à la garde des recluses permirent à celles-ci de sortir, et j’en vis ainsi quatre ou cinq, gauches et timides, complètement nues, ou avec un collier de coquillages autour des reins, et passées à l’ocre de la tête aux pieds. Il paraît qu’elles sont enfermées pendant huit à neuf lunes, ayant pour tout espace leur lit où elles peuvent s’allonger et s’asseoir. Elles ne peuvent sortir que quelques minutes, et avant l’aube. L’entrée et la sortie du « couvent »… donne lieu à des cérémonies[1]. »

(S. N., page 378.)

« Les filles adultes et les femmes, chez les Zoulous, ne doivent jamais entrer dans le kraal des bestiaux : il serait souillé. Aussi les vaches sont-elles si habituées aux garçons et aux jeunes gens qu’elles ne se laissent traire par personne d’autre[2]. » Holub a fait les mêmes remarques chez les Bechuanas. « C’est seulement la charrue, dont l’usage se fait mieux accepter à présent (1876), qui a adouci le sort des

  1. Missions évangéliques, XCIX, 2, p. 155 (1924) (H. Nicod).
  2. F. Speckmann, Die Hermannsburger Mission in Afrika, p. 147.