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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/156

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femmes : l’homme l’emploie avec l’aide des bœufs, qu’une femme ne doit jamais toucher[1]. »

(S. N., pages 372-373.)

Tabous de l’accouchement.

Les femmes doivent se délivrer toutes seules, sans que personne les assiste. Il faut qu’elles soient seules dans leur cabane ou leur tente. Même si l’accouchement est laborieux, personne ne peut venir à leur secours. « On regarde la parturiente comme trop impure pour que personne s’en approche. » Quiconque l’assisterait deviendrait impur à son tour, et serait soumis aux mêmes pénibles tabous (de la durée d’un an) que la femme elle-même. Les obligations qu’ils impliquent sont si gênantes pour les devoirs domestiques, que la communauté ne permet pas à une femme mariée, pas même à la mère, de les encourir. Mais plus importantes encore que les motifs domestiques sont les raisons religieuses. Même une femme seule, qui n’a pas à se préoccuper des siens, ne viendra pas au secours de la parturiente. Car les « puissances », ou les « esprits », s’irriteraient de l’incapacité de celle-ci à s’assister elle-même ; ou bien les animaux seraient offensés si une femme, en secourant une autre pendant sa délivrance, touchait un enfant nouveau-né qui n’est pas à elle. La seule chose qu’on puisse faire pour une femme en cas de difficulté est de s’adresser à un shaman. Mais cela coûte cher.

(S. N., pages 420-421.)

Chez les Herero, « la maison où l’accouchement a eu lieu reste inoccupée après les couches, jusqu’à ce qu’elle tombe en ruines. Il n’est permis à personne d’y prendre un morceau de bois pour son feu[2] ». Interdiction qui s’applique aussi, comme on l’a vu, à la maison sur laquelle la foudre est tombée. Dans un cas comme dans l’autre, elle s’explique par l’impureté qui s’est communiquée à la maison.

(S. N., pages 417-418.)
  1. E. Holub, Sieben Jahre in Süd-Afrika, I, p. 423.
  2. J. Irle, Die Religion der Herero. Archiv für Anthropologie, N. F. XV, p. 357 (1915).