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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/157

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À Mawata (île Kiwai), l’accouchement ne doit pas avoir lieu dans la maison, car le sang de la femme, disent les indigènes, est quelque chose de très funeste, avec quoi il ne faut pas que les gens entrent en contact, surtout les hommes… » Et un peu plus loin : « Pendant une couple de semaines après la naissance de son enfant la mère ne quitte pas son réduit (formé par des nattes, pour l’isoler) dans la maison, où l’on tient un feu allumé. D’autres femmes la soignent, mais pendant ce temps son mari n’a aucune communication directe avec elle, après la première vue qu’il a eue de l’enfant[1]. » Il participe néanmoins à son impureté, puisqu’il ne peut accompagner les autres à la pêche ou à la chasse : il leur porterait malheur.

(S. N., page 414.)

Impureté de l’homicide.

« Si un homme, ayant sur lui du sang versé par la violence, veut entrer dans un village, le sien ou un autre, il faut qu’au préalable il ait sacrifié une chèvre à l’entrée de ce village, et éparpillé sur lui le contenu de l’intestin de l’animal. Se laver simplement pour enlever le sang ne suffirait pas. S’il entre dans le village avec insouciance, sans avoir sacrifié, il doit aussitôt offrir un sacrifice, pour essayer de détourner les malheurs possibles ; mais si, dans les premières années qui suivent, un décès se produit, il en demeure responsable, et il est obligé de payer la compensation due pour l’homicide. » Le sang qu’il porte l’a rendu impur. En entrant dans un village sans avoir été purifié, il le contamine. Sa souillure se communique aux habitants, qui se trouvent, de ce fait, en imminence de malheur. Si donc une mort survient, ce sera sa faute.

(S. N., page 339.)

Si l’homme qui a tué est ainsi exposé à des dangers provenant des qualités non perceptibles aux sens (mystiques),

  1. G. Landtman, The Kiwai Papuans, pp. 230-232.