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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/171

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que l’on trempe dans le sang et dans l’eau de riz. On l’agite alors au-dessus de l’homme qui est pali (impur), ou on le promène par toute la maison qui est en cet état. Cela s’appelle : balayer l’impureté[1]. »

(S. N., pages 433-434.)

Presque partout on « se lave » d’une souillure, par exemple, après avoir assisté à des funérailles, en prenant un bain, de préférence dans une eau courante, ou dans la mer. On se représente que l’eau détache du corps l’impureté et l’emporte, en même temps qu’elle a le pouvoir de neutraliser la mauvaise influence. Pour mieux dire, dans les représentations des primitifs, ces deux effets ne se séparent pas. De même, quand on a obtenu d’un sorcier qu’il révèle où il a caché les appartenances de sa victime, sur lesquelles il a opéré pour la faire souffrir et mourir, on court les chercher, et on les plonge aussitôt dans une eau courante. Immédiatement, l’effet des maléfices s’arrête. S’il en est encore temps, la victime est sauvée. La force purifiante de l’eau, jointe au désistement du sorcier, a eu raison de l’ensorcellement.

(S. N., pages 437-438.)

La confession.

Un malheur inattendu, inexplicable, révèle tout à coup qu’une mauvaise influence s’exerce sur ceux qu’il frappe, en d’autres termes, qu’ils sont impurs. Comment le sont-ils devenus ? Peut-être par leur propre faute, à leur insu. Peut-être par celle de l’un d’entre eux, dont un acte a souillé le groupe entier, attirant ainsi le malheur sur eux tous. En pareil cas, pour faire cesser cet état, qui menace d’être fatal, pour que le groupe puisse redevenir pur, une condition préliminaire est indispensable. Il faut que le coupable, c’est-à-dire celui qui a contracté la souillure, avoue sa faute. La confession est de rigueur. Tant qu’elle n’a pas eu lieu, les conséquences funestes de la souillure continuent à se dérouler.

  1. A. Hardeland, Dajacksch-Deutsches Wörterbuch, p. 419.