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Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/188

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modèles, des « précédents » à l’image desquels ils sont faits. On voit jusqu’où s’étend ici la fonction du mythe. Il ne fonde pas seulement l’efficacité des actions de l’homme en lui enseignant à imiter celle des ancêtres et des héros. Il révèle la raison d’être des réalités naturelles. Car celles-ci aussi « imitent » des réalités originaires de qui elles tiennent leur essence. C’est le mythe qui montre comment elles y participent.

(My. P., pages 166-167.)

Magie imitative.

Voici, au Nouveau-Mecklembourg, des formules pour faire cesser la pluie.

« Le crabe, il va à reculons,
Pluie, retire-toi…
Le trépang se retire,
Pluie, retire-toi…
Le hérisson se retire,
Pluie, retire-toi…

ou bien,

Le requin mord,
Il mord la pluie,

c’est-à-dire, le requin doit disperser les nuages pluvieux, comme il déchire les hommes avec ses dents[1]. »

Formules pour faire croître et grossir les plantes :

« Le requin, il roule,
Les taro, ils roulent…

c’est-à-dire, les taro doivent devenir si ronds, qu’ils roulent comme font les requins dans l’eau.

Le sanglier bouleverse la terre,
Les yams (la) bouleverseront,

c’est-à-dire, les yams doivent devenir si gros, qu’ils bouleverseront la terre, comme fait un sanglier. Les beaux yams

  1. P. G. Peekel, M. S. C., Religion und Zauberei auf dem mittleren Neu-Mecklenburg, pp. 119-120.