Aller au contenu

Page:Lévy-Bruhl - Morceaux choisis, 1936.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suite, à chacun des membres, c’est l’affaire du missionnaire, comme il appartenait, avant la conversion, au chef de la tribu de lui garantir l’appui des ancêtres et des esprits par les cérémonies et les sacrifices traditionnels. L’indigène trouve même moyen de garder son respect inviolable de la coutume au moment même où il vient d’en changer : il se comporte à l’égard de la nouvelle comme il faisait pour l’ancienne.

(M. P., pages 473-475.)

Malentendus et conflits.

Ainsi, les noirs ne conçoivent pas que la terre puisse être réellement vendue. Mais les blancs ne comprennent pas davantage qu’une transaction si simple soit inintelligible pour les indigènes. De là, malentendus, querelles, violences des deux parts, représailles, éviction et finalement extermination des anciens maîtres du sol. Quand un conflit éclate, les blancs, en général, ignorent les obligations mystiques auxquelles les indigènes ne peuvent pas refuser d’obéir, et ils se croient vraiment lésés. Bientôt, à cette méconnaissance de la mentalité primitive se joignent la mauvaise foi et l’abus de la force. Ce chapitre de l’histoire des relations des blancs avec les indigènes offre un spectacle aussi monotone que révoltant.

(A. P., pages 123-124.)

Les primitifs et les médecins.

La vive répugnance éprouvée à l’égard des traitements européens, quels qu’ils soient, est générale. Du point de vue de la mentalité prélogique, elle est inévitable, et il faut reconnaître qu’en fait elle est très souvent justifiée par l’événement, surtout quand il s’agit de membres d’une société de type tout à fait inférieur. Ainsi, dans la province de Victoria (Australie), « un médecin avoua que, en général, chaque fois qu’il avait donné particulièrement ses soins à un indigène malade, il n’avait réussi qu’à le tuer plus vite… Lâchés dans la forêt, ils se rétablissent rapidement. » D’où vient cela ? « En premier lieu, à l’hôpital, il faut tenir compte du senti-