Page:L’Église arménienne orientale, trad. Dulaurier, 1859.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

larsabad, ville qui était la résidence des rois, il trouva Tiridate sur le trône, où il avait été replacé par Dioclétien. Un jour que Tiridate offrait un sacrifice à l’une des principales divinités de l’Arménie, il remarqua un des assistants qui ne prenait point part à cette solennité. C’était Grégoire. Il le fit approcher et lui commanda de sacrifier. Chrétien, Grégoire refusa ; alors le roi lui fit infliger des tourments inimaginables[1]. Après ces tortures, que Grégoire supporta avec une force surhumaine, il fut jeté dans une fosse profonde, où il demeura enfermé plusieurs années, oublié de tous ; seule, une pauvre veuve venait lui jeter, chaque jour, un morceau de pain. Une circonstance qui fit éclater la cruauté de Tiridate sauva saint Grégoire. À Rome vivait une jeune fille, nommée Ripsimê, avec plusieurs de ses compagnes, toutes chrétiennes comme elle. Dioclétien, ayant vu Ripsimê, s’enflamma de sa beauté et voulut l’épouser, mais elle parvint à s’enfuir de Rome avec sa nourrice, Gaïanê, et ses compagnes, et vint se fixer dans la capitale de l’Arménie, Valarsabad. Ayant découvert sa retraite, Dioclétien envoya dire à Tiridate de la lui renvoyer, ou bien de la prendre lui-même pour femme. Tiridate, séduit à son tour par

  1. D’après Agathange, secrétaire de Tiridate, et Grec de nation. Son ouvrage nous est parvenu en arménien et en grec.