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Donc à quelque degré que puisse monter cette disposition matérielle aux pensées vicieuses, l’ame n’en aura pas moins le pouvoir de se déterminer aux choix des pensées vertueuses.

Donc l’ame a en elle-même le pouvoir de se déterminer malgré toutes les dispositions contraires du cerveau.

Donc les pensées de l’ame sont toujours libres. Venons au second cas :

Si l’ame ne peut se déterminer absolument, cela ne vient que de l’équilibre supposé dans le cerveau, et l’on conçoit qu’elle ne se déterminera jamais si l’une des dispositions ne vient à l’emporter sur l’autre, et qu’elle se déterminera nécessairement pour celle qui l’emportera.

Donc le pouvoir qu’elle a de se déterminer au choix des pensées vertueuses ou vicieuses, est absolument dépendant des dispositions du cerveau.

Donc pour mieux dire, l’ame n’a en elle-même aucun pouvoir de se déterminer, et ce sont les dispositions du cerveau qui la déterminent au vice ou à la vertu.

Donc les pensées de l’ame ne sont jamais libres.

Or en rassemblant les deux cas, où il se trouve que les pensées de l’ame sont toujours libres, ou qu’elles ne le sont jamais en quelque cas que ce puisse être.

Or il est vrai, et reconnu de tous, que les pensées des enfans, de ceux qui rêvent, de ceux qui ont la fièvre chaude et des fous, ne sont jamais libres.

Il est aisé de reconnaître le nœud de ce raisonnement. Il établit un principe uniforme dans l’ame, en sorte que le principe est toujours, ou indépendant des dispositions du cerveau, ou toujours dépendant, au lieu que dans l’opinion commune, on le suppose quelquefois dépendant, et d’autres indépendant.

On dit que les pensées de ceux qui ont la fièvre chaude et des fous ne sont pas libres, parce que les dispositions matérielles du cerveau sont atténuées et élevées à un tel degré que l’ame ne leur peut résister, au lieu que dans ceux qui sont sains, les dispositions du cerveau sont modérées, et n’entraînent pas nécessairement l’âme.

Mais premièrement dans ce système, le principe n’étant pas uniforme, il faut qu’on l’abandonne, si je puis expliquer tout par un qui le soit.